"La fuite n'est qu'un détour..."

  Après avoir provoqué un scandale en entretenant une relation avec un étudiant, une néerlandaise entre deux âges coupe soudainement les ponts avec sa famille et part s'installer dans une fermette reculée du pays de Galles, avec pour tout bagage quelques meubles et un recueil de poèmes d'Emily Dickinson. Rattrapée par la solitude et atteinte d'un mal mystérieux qui la ronge peu à peu, elle trouvera finalement en Bradwen, jeune gallois errant, un compagnon idéal à sa silencieuse retraite.


Que vient-on chercher quand on décide de tout quitter pour tout recommencer dans une propriété isolée au coeur d'un pays inconnu ? La reconstruction, la rédemption, ou le simple apaisement ?

Sur fond d'une campagne galloise décrite avec une justesse dénuée d'idéalisme romantique, Gerbrand Bakker confronte la souffrance de son personnage, mentale comme physique, au repos offert par un retour à la nature à la fois faussement serein et pourtant salutaire. Un retour ponctué de rencontres (parfois indésirables, souvent inattendues), durant lequel l'héroïne avance à tâtons sur de nouveaux chemins, au propre comme au figuré, et tente, malgré son obsession pour une poétesse disparue et sa résignation face à la douleur, de redonner à sa vie quelques moments d'un bonheur perdu.


Minimaliste, dense, troublant : le nouveau roman de Bakker sonde avec une tranquillité singulière les âmes blessées, et s'attarde dans nos esprits comme l'empreinte d'un paysage saisissant.

Le détour de Gerbrand Bakker - traduit du néerlandais par Bertrand Abraham - Gallimard - 19,90€

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